Le marché de l'épicerie fine, bien que dynamique ces dernières années, a été fortement impacté par l'inflation en 2023. Des perspectives plus favorables se dessinent pour l’avenir avec une reprise attendue de la consommation. Les épiceries fines doivent s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs et surtout des nouvelles générations, notamment en matière de santé, de circuits courts et de services hors domicile.
Auteur : Marta Cuadrado, Responsable Marketing
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Introduction : L’évolution du marché de l’épicerie fine

Le marché de l’épicerie fine a connu des bouleversements majeurs ces dernières années, fortement impacté par l’inflation. En 2023, les ventes en volume ont chuté de 6,6 % par rapport à l’année précédente, et même si les prix ont augmenté de manière significative (71 % des épiceries fines ont relevé leurs prix contre 58 % pour l’ensemble des secteurs), cela n’a pas suffi à compenser la baisse de la demande, entraînant également une baisse en valeur de 1 %. Les consommateurs ont dû adapter leurs comportements : ils privilégient désormais les produits en promotion, les marques moins chères et MDD, ainsi que les grandes surfaces alimentaires.

Le dynamisme du parc des épiceries fines, freiné en 2023

En dépit des défis actuels, le parc des épiceries fines en France a connu une forte croissance ces dernières années. En 2024, on dénombre 9 800 épiceries fines, contre seulement 5 300 en 2019, soit une augmentation de 85 % en cinq ans. Ces établissements génèrent un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros, et se situent avant tout dans les grandes métropoles (Paris, Marseille, Bordeaux) ainsi que dans les zones touristiques (Corse, Haute-Savoie). Cependant, 2023 a marqué un tournant avec plus de fermetures que d’ouvertures d’épiceries, une première pour le secteur.
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Perspectives pour l’avenir

Les prévisions pour 2024 et au-delà laissent entrevoir des perspectives plus favorables pour le secteur. L’inflation devrait ralentir : selon les prévisions de l'Insee au 15 septembre, on devrait finir l’année 2024 à 1,6%. Cette baisse de l'inflation devrait contribuer à stabiliser le pouvoir d'achat des consommateurs, et entraîner progressivement une reprise de la consommation des ménages en produits alimentaires d’ici 2025 et 2026. Une reprise de la consommation qui devrait se ressentir aussi dans le secteur de l’épicerie fine, qui renouerait donc avec la croissance en volume dès 2025.

 

Les tendances sociétales et les défis des épiceries fines

Face aux évolutions du marché et aux nouvelles tendances sociétales, les épiceries fines doivent relever trois grands défis pour s’adapter aux attentes des consommateurs.

 

1. S’adapter à la nouvelle concurrence

La santé devient une priorité pour les consommateurs Français. En 2023, 68 % d’entre eux déclarent faire des efforts personnels pour se maintenir en bonne santé, ce qui influence directement leurs habitudes concernant l’alimentation : 6 Français sur 10 consultent le Nutri-Score des produits alimentaires, et de plus en plus deviennent flexitariens. Ils sont aussi friands de produits issus de circuits courts et sont prêts à payer plus cher pour un produit d’origine française. Cette évolution des attentes favorise la montée en puissance de nouveaux concurrents répondant à ces exigences, comme les plateformes de circuits courts, les enseignes multifrais, les petits commerces de bouche ou encore les halles et marchés. Pour relever le défi, certaines épiceries fines ont saisi l’opportunité d’encore plus se spécialiser pour se démarquer tout en répondant à ces nouvelles tendances.

 

2. Fidéliser la nouvelle génération de consommateurs

Les Millennials et la Gen Z montrent un intérêt croissant pour l’épicerie fine. En effet, 64 % des épiceries ont observé l’arrivée d’une clientèle plus jeune pendant les confinements de 2020. Une clientèle appartenant à des générations avec leurs propres codes et rituels alimentaires :  24 % des 25-34 ans consomment régulièrement des plats préparés et 50 % ont sauté un repas ou se sont contentés de grignoter quelque chose au cours des 7 derniers jours. Ce sont aussi des « globe-trotteurs » dans l’assiette, toujours friands de cuisines du monde et restaurants exotiques. Pour fidéliser cette nouvelle clientèle, certaines épiceries fines ont adapté leur offre existante pour répondre à leurs habitudes.

 

 

3. Saisir les opportunités dans le hors domicile

La saisonnalité du secteur de l’épicerie fine touche la plupart de ses acteurs, avec des enseignes qui réalisent jusqu’à 30% de leur chiffre d’affaires annuel en décembre. En cause, 50% des consommateurs d’épicerie fine disent en consommer pour les grandes occasions (Noël, Pâques, etc). Pourtant, face à un contexte économique morose, 77% des Français disent prendre de plus en plus de plaisir à célébrer les « petits » évènements de la vie (les repas en famille, les promotions, etc.). D’un autre côté, le marché de l’alimentaire bascule doucement du retail vers le foodservice et plus concrètement vers le hors domicile, qui aujourd’hui compte pour 29% des dépenses alimentaires des ménages. Si l’on combine ces différentes données, une opportunité pour lisser le chiffre d’affaires s’ouvre à certaines épiceries fines sous la forme de nouveaux services de restauration sur place, qui permettrait aux acheteurs d’épicerie fine de se restaurer tout en profitant des moments du quotidien.